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Le premier immeuble d’habitat coopératif de Midi-Pyrénées sort de terre dans l’écoquartier de La Cartoucherie à Toulouse. Rencontre avec ses futurs résidents du «troisième type», ni locataires, ni propriétaires.
L’aventure immobilière et sociale d’Abricoop a débuté en 2008, sous la forme d’une association «La Jeune Pousse» et sur la foi de citoyens déjà branchés sur courant «alternatif» (réseau AMAP etc.). D’emblée, le projet se situe au-delà d’un simple habitat participatif et prend la forme d’une coopérative d’habitants. «Nous étions locataires par défaut et pas prêts à devenir propriétaires pour autant, explique Thomas, l’un des pionniers du projet avec son épouse Véronique. L’habitat coopératif est un bon compromis entre logement individuel et vie en communauté : l’intimité de chaque ménage est respectée mais il y a aussi des espaces communs pour le partage.» Reste à mener un combat de longue haleine : au plan local, avec la recherche d’un foncier et la rédaction de statuts, et au plan national, avec d’autres structures, pour plaider la cause de l’habitat coopératif auprès de l’Etat. Et sur ces deux fronts, les «mobilisés» toulousains vont avoir gain de cause. En 2013, Toulouse Métropole leur donne son feu vert pour s’implanter dans un îlot dédié à l’habitat participatif dans la ZAC de La Cartoucherie. Puis, en 2014, la loi ALUR consacre le statut de coopérative d’habitants en France. En l’espace de huit ans, certains ont quitté le navire, d’autres l’ont rejoint. Comme Michèle, âgée 63 ans et informaticienne retraitée : «Pour moi, c’est un moyen de ne pas vieillir trop vite» !
Un projet intergénérationnel et solidaire
Quatre ateliers ont été mis en place : juridique et financier, technique, projet de vie et communication. Ecouter, réfléchir, débattre… Pour rester en forme intellectuellement, c’est l’idéal !» Propriétaire d’une maison en périphérie de la Ville rose, elle va la mettre en vente pour participer au capital de la société coopérative (lire ci-contre). Même chose pour Jean, 79 ans, le doyen d’Abricoop. Ex-ingénieur auprès du ministère de l’Agriculture, il va partager les fruits de la vente de son appartement toulousain entre ses trois enfants et un projet qu’il juge «très stimulant» : «Deux choses me motivent : nouer de vraies relations avec mes futurs voisins et prouver que l’argent n’est pas roi en allant au-delà du duo propriétaire-locataire.» Parmi les 21 futurs voisins, les profils sont variés : du chômeur au retraité en passant par le cadre…
«Ne pas m’endetter individuellement, c’est m’éviter d’avoir un boulet à la cheville, témoigne une coopératrice de 44 ans. Je touche environ 1 200 € de salaire et, depuis que j’ai rejoint le projet Abricoop, il y a eu deux plans sociaux au sein de mon entreprise… Donc prendre un crédit de 30 ans pour acheter, non merci !»
Chaque mois, des réunions de groupe permettent d’aborder les aspects financiers du projet et bien d’autres : du choix des matériaux de construction à l’usage des salles communes (buanderie, chambres d’amis…).
Au sein d’Abricoop, tout le monde a son mot à dire. Et chaque voix compte : indépendamment de la part sociale acquise ou de la taille de son logement. ¦