Habitat coopératif : entre soi écolo bobo ? ou nouvel habitat « social » ?

Cette question de « l’entre-soi », elle nous est souvent posée. Frontalement ou à mots couverts. Si en plus on y ajoute « écolo-bobo » (qualificatif qui ne veut pas dire grand chose et ne sert le plus souvent qu’à discréditer des initiatives vraiment écologiques), ça suggère que les projets d’habitat coopératif seraient des trucs de riches, où rester confortablement dans son petit cocon, loin des problèmes du monde et de la ville.

Nous, à La Jeune Pousse, on veut tellement peu d’entre-soi que l’idée de mixité, sociale et générationnelle, est au coeur de nos valeurs et inscrite dans nos statuts. Tels qu’on les souhaite, nos projets de logement collectifs ont vocation à intégrer tous types de ménages, quels que soient leurs revenus ou leur milieu social.

Si on regarde le groupe formé à ce jour par nos adhérents, on y trouve une grande diversité : couples et célibataires, familles et parents isolés, hommes et femmes de tous âges (dont quelques étrangers) qui travaillent dans toutes sortes de métiers, des retraités aussi et des chômeurs ou autres précaires qui vivent de clopinettes. Ce n’est pas une bande de copains, la plupart ne se connaissaient pas et se sont agrégés par bouche à oreille ou – depuis qu’on parle un peu de nous – après des rencontres publiques ou mention par les médias.

Sommes-nous bourgeois ? Certes pas. La grande majorité des foyers entre d’ailleurs dans les barèmes HLM. Pourtant, le groupe n’est sans doute pas représentatif des habitants du logement social classique. Car l’aspect pionnier de notre démarche induit nécessairement un caractère assez engagé, exigeant beaucoup d’implication et de disponibilité, de l’idéalisme sans doute, voire une franche propension à l’utopie… Les futurs habitants ont en commun ce profil-là. Certains d’entre nous, la plupart sans doute, sont plus qualifiés (même si autodidactes) et/ou politisés que la moyenne.

Finalement, le soupçon de l’entre-soi reflète surtout l’incapacité des pouvoirs publics à travailler avec un groupe de citoyens auto-organisés. On dit vouloir du « remontant », des initiatives venues des habitants, de la société civile, mais tout est prévu pour faire du « descendant » et gérer d’en haut les populations du logement social.

Oui, nous concevons bien les coopératives d’habitants comme un nouveau logement social. Un véritable tiers secteur de l’habitat à faire naître, entre la propriété privée et les immeubles tenus par les bailleurs sociaux. Nous espérons pouvoir rendre pérenne une propriété collective et non-spéculative, auto-gérée par ses habitants sur un modèle coopératif (une personne ou un foyer une voix, et pas au prorata des parts du capital ou des m² possédés). Cette réappropriation exige un principe de cooptation des habitants, qu’ils soient co-propriétaires au sein d’une société immobilière ou locataires. Car tous doivent être réunis par des motivations de fond – sensibilité écologique, souci de solidarité, implication dans la vie de la cité. Tous doivent être volontaires et motivés pour coopérer au sein d’un groupe. La cooptation n’est donc en rien une façon de faire de « l’entre-soi », c’est la seule procédure capable de garantir l’esprit et la pérennité de l’expérience.

Voilà pour notre idéal. Mais le projet de coopératives d’habitants se heurte à de fortes difficultés :
– Soit on fait du logement vraiment social, avec un bailleur agréé, seul à pouvoir mobiliser les financements destinés aux ménages à revenus très modestes… mais la propriété collective n’est alors plus possible (il reste l’accession progressive à la propriété individuelle classique, ou renoncer à ce que les pauvres capitalisent en restant locataires à vie). Il faut surtout abandonner la possibilité de coopter, les locataires étant obligatoirement choisis par les commissions d’attribution institutionnelles…
– Soit nous montons notre opération sans bailleur social, mais alors, pour pouvoir boucler le budget quand le foncier est aussi cher qu’à Toulouse, nous avons besoin de ménages disposant d’un capital ou de revenus suffisants pour accéder à des prêts. Exit la mixité sociale ! Pour pouvoir intégrer quelques foyers précaires, il faudrait une péréquation interne dont nous n’avons pas la capacité, ou des subventions fortes (si un mécène nous lit, qu’il se manifeste), à moins de faire des économies substantielles sur la construction ou la rénovation, ce qui revient à ne plus pouvoir faire d’habitat écologique…

Nous espérons encore rendre le projet possible dans toutes ses dimensions : coopératif, social, écologique. Si le résultat était en deçà, cela ne tiendrait pas aux séductions des sirènes « écolo-bobo », mais aux contraintes insurmontables que nous aura opposé l’univers économique, social et politique d’aujourd’hui ; autrement dit la loi d’airain du cadre financier, juridique et organisationnel. On pourra toujours nous reprocher de ne pas avoir réussi la mixité sociale qui nous tient à coeur depuis le début. Cette mixité a un prix, et nous ne pouvons être les seuls à la payer. Il faut pouvoir mobiliser les financements prévus à cet effet et dépasser quelques blocages pour un projet réellement ambitieux et novateur.

De fait, nous essuyons les plâtres (hélas, pas encore au sens littéral), ce qui n’est pas facile, mais nous aspirons à ouvrir la voie. Si des coopératives d’habitants se concrétisent en France, les publics qui pourrons y trouver leur place ne manqueront pas, alors, de s’élargir. Cela pourra vraiment être un nouveau logement écolo-social dont on sent de plus en plus le besoin.

LT, EAR, TB, BP

Droit au logement : l’autoconstruction est-elle une solution ?

Mardi 6 avril 2010 à 18h30 au CMAV, nous échangerons sur ce sujet avec plusieurs intervenants : Claude Touchefeu, Régis Godec, des architectes, des accompagnateurs, les Enfants de Don Quichotte…
L’autoconstruction pour La Jeune Pousse ? Nous y avons réfléchi, mais aucune décision n’a pour le moment été prise. Dans le cas d’un partenariat avec un bailleur social (le plus probable quand on veut faire de la mixité sociale en ville), celle-ci devient tout simplement impossible. Le bailleur social doit livrer des appartements en état d’habitabilité. Par contre, dans le cas d’une réhabilitation (par exemple) et si on se passe de bailleur social, alors une part d’autoconstruction est tout à fait envisageable.
Dans le cas où l’autoconstruction ne pourrait être envisagée, il reste quand même tout la dimension autopromotion, qui est celle que nous menons.
Tout cela sera développé le mardi 6 avril au CMAV.

 

Au Centre Méridional de l’Architecture et de la Ville (CMAV) le mardi 13 octobre de 8h30 à 17h :

Quelle place pour les initiatives citoyennes en Midi-Pyrénées ?

A l’occasion des 12èmes rencontres de l’ADELS prévues à Grenoble le 20 et 21 novembre 2009, des acteurs de la région Midi-Pyrénées souhaitent mobiliser l’ensemble des institutions et personnes concernées pour confronter expériences, méthodes, débattre des solutions à trouver pour renforcer les démarches de démocratie participative et en initier de nouvelles. En Midi-Pyrénées, les collectivités locales sont de plus en plus nombreuses à afficher concertation et participation dans leur mode de gouvernance. Cependant, une question reste posée : Quelle articulation est possible entre les initiatives descendantes pilotées par les élus locaux et les initiatives ascendantes ? Professionnels de l’urbanisme, de l’aménagement, du développement local sont pour la plupart convaincus de la nécessité de travailler dans la durée avec les habitants mais ils n’en maîtrisent pas toujours les outils et les méthodes.

L’écologie, une priorité pour les quartiers populaires

Conférence-débat avec la participation de Geneviève Azam, économiste, Hédi Bouderbala, sociologue, Karima Delli de ZEP, députée européenne. Dans le cadre de la semaine de l’écologie populaire. Salle du Sénéchal, rue de Rémusat, Toulouse. Entrée gratuite lesamisdaverroes@yahoo.fr 18h30 : Inauguration d’une exposition pédagogique et pot de l’amitié. Le 21 septembre à 20h30.